Depuis les années 1990, on peut constater à quel point le nationalisme est un thème revenu à la mode en idées politiques. Après la Guerre froide et l’affrontement entre « camp socialiste » et « monde libre », on semble redécouvrir le nationalisme. En parallèle, le pluralisme culturel est apparu comme l’autre thème devenu incontournable en pensée politique. A première vue, il apparait comme une source d’instabilité pour l’identité nationale et l’idéologie qui la défend. Cependant, les politiques multiculturelles peuvent aussi servir la cause des minorités nationales. Ces deux éléments montrent à quel point la relation entre multiculturalisme et nationalisme est difficile à saisir, d’autant plus que ces deux termes ne sont pas toujours définis de la même façon selon les auteurs.
1/ Les arguments plaidant pour l’incompatibilité entre multiculturalisme et nationalisme
Intuitivement, on aurait tendance à opposer multiculturalisme et nationalisme. Alors que le premier terme semble célébrer la diversité, le second renvoie davantage à une défense de l’homogénéité du groupe, impliquant une hostilité à tout élément susceptible de la perturber. L’idée d’une opposition « naturelle » se trouve confirmée par la lecture de travaux relativement célèbres de la sociologie fonctionnaliste anglo-saxonne. Nous citerons ici les trois auteurs qui sont peut-être les plus connus, et qui font tous du nationalisme un produit de la modernité : Karl Deutsch, Ernest Gellner, Benedict Anderson. I...